Pour bien terminer 2019

23 décembre 2019

«La résistance aux antibiotiques, l’informatique quantique, le langage ou l’énergie sont les matières qui feront l’objet de pôles de recherche nationaux, entre les deux EPF et les universités de Bâle, Genève, Lausanne et Zurich.»: ce petit communiqué de presse remplit de joie la direction de l’UNIL et le décanat de la FBM. En effet, l’UNIL, en collaboration avec l’École polytechnique fédérale de Zurich, décroche un Pôle de recherche national dédié aux écosystèmes microbiens.  Mais quel travail ! Depuis le lancement de l’initiative, le rectorat, qui a soutenu ce projet depuis sa conception jusqu’à sa naissance, a œuvré pour que ce PRN soit finalement sélectionné par les instances de décision. Le vice-recteur François Bussy s’est personnellement beaucoup investi: il s’est intéressé au sujet, aux chercheurs, aux conséquences sociétales soulevées par cette recherche. Merci à lui !

Je souhaite aussi saluer l’effort et l’engagement du prof. Jan Roelof van der Meer qui dirige le Département de microbiologie fondamentale de la FBM. Avec ses collègues lausannois de la section des sciences fondamentales, avec les cliniciens du CHUV, avec ses partenaires zurichois, il a montré que la ténacité est une des vertus qui le caractérisent. En effet, rien n’était gagné d’avance, la première évaluation du FNS était positive, mais demandait encore de gros efforts. Jan Roelof n’a pas baissé les bras: il a stimulé ses équipes, revu son projet, l’a peaufiné, l’a remis sur le métier : un bel ouvrage en est sorti.

Mais tout reste à faire. Le projet devient réalité: les microbiomes seront explorés, scrutés, analysés. Mais il faudra poursuivre les efforts dans le réel et sous contrôle: objectifs atteints, délivrables, publications, engagement de personnel, constructions, infrastructures à mettre en place. Et tout ceci sous un contrôle strict du FNS. Les enjeux scientifiques et les retombées potentielles de ce projet sont majeurs: le décanat de la FBM mettra en œuvre tout son possible pour soutenir les chercheurs impliqués et les responsables administratifs qui seront nécessaires à la coordination. Le décanat sait qu’il peut s’appuyer sur la direction de l’UNIL, qui a déjà une belle expertise avec les PRN Lives et Synapsy, dont l’UNIL est la maison hôte pour le premier, et était la maison de vacances pour le second, si j’ose cette analogie un peu limitative.

Le microbiote va devenir un sujet de conversation, une occupation plus qu’une préoccupation: il sera visible, ce qui est un paradoxe pour des microbes invisibles. Il s’introduira dans les salons lausannois, dans les discussions de café.

Le microbiote humain sera étudié par les juristes et les éthiciens qui soulèveront le problème de la propriété du microbiote: est-il une partie détachée du corps, a-t-il une valeur intrinsèque, est-il objet de marchandage, a-t-il un prix ? Peut-on le céder, le vendre, le donner ?

Le microbiote animal, par opposition aux antibiotiques qui nourrissent nos animaux, sera-t-il l’antidote qui pourra être mis en vente encapsulé dans la nourriture ?

Le microbiote des sols pourra-t-il être la solution pour dépolluer les huiles de nos moteurs, pour favoriser la croissance des abeilles, pour tuer les espèces dites invasives ?

Le microbiote sera-t-il bio ?

Cette entité est une composante à part entière des éléments constituant les vivants complexes: il porte en lui sa propre complexité, il offre des possibilités de manipulation, de destruction massive. Sera-t-il un nouveau Janus portant en lui le bien et le mal ?

Ces questions ne sont pas adressées sous cette forme dans le projet VD-ZH porté par l’UNIL. Il sera construit comme un magnifique projet scientifique avec des questions très fondamentales, avec ses promesses thérapeutiques : il fera avancer le savoir vivant, si cher à notre université et notre faculté.

Ce projet aura sa vie, sa jeunesse, sa maturité, sa mort aussi quand il sera remplacé par d’autres questions biologiques brûlantes qui seront à la mode dans 10-20 ans.

La lutte des bactéries entre elles, la compétition à mort qu’elles se livrent seront des sujets de romans biologiques. Tout se mélange, même à ce niveau du si petit, du si fragile, du si destructeur.

Le microbiote des sols gavés de pesticides, appauvris de leurs substances nutritives, pollués par des toxiques de toutes sortes, saccagés par la pollution ambiante, tassés par des machines agricoles trop lourdes pourrait-il faire face aux contraintes que l’homme lui impose ?

Toutes ces questions sont des champs de recherche. Alors nous pouvons remercier nos autorités scientifiques et politiques d’avoir eu le courage de soutenir ce projet et, par ce billet, je souhaite chaleureusement exprimer ma fierté, en tant que doyen, qu’un tel projet ait été porté par un membre éminent de notre faculté, le prof. Jan Roelof van der Meer. Qu’il en soit remercié, de même que toutes les équipes, à Lausanne et ailleurs, notamment à Zurich, qui ont œuvré à cette réussite. Celle-ci représente l’étape zéro d’une course aux connaissances qui devraient nous permettre de mieux comprendre cet organe microbien incroyable qui nous lie et nous relie, en tant que vivant, à tous les vivants… depuis l’origine de la vie.

Jean-Daniel Tissot, Doyen FBM

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